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Le coup d’État du 3 août 1975 a ouvert la porte à une vraie indépendance


Du coup d’Etat à la révolution comorienne.


Le coup d’État du 3 août 1975 a ouvert la porte à une vraie indépendance en créant les conditions politiques, économiques et sociales à un véritable développement et à une politique de justice sociale.


Le 3 août 1975, le Front National Uni des Comores a réalisé le premier coup d’État du pays. C’était, à peine, quatre semaines après la déclaration unilatérale de l’indépendance, le 6 juillet 1975. Il s’est alors engagé un processus de transformation de la société.


Le Front National Uni était un grand mouvement des partis progressistes du pays qui s’opposaient au régime conservateur du président Ahmed Abdallah, celui-là même qui a lu la déclaration courageuse et ultime des députés sur l’indépendance.


Une indépendance sans perspectives


Certes, le pays venait de déclarer solennellement son indépendance en réponse à la mobilisation populaire conduite par le Mouvement pour la libération des Comores ( MOLINACO), le parti pour l’évolution des Comores (PEC), le Parti Socialiste des Comores (PASOCO) et relayé, chemin faisant, par l’ensemble des partis politiques excepté le Mouvement populaire Mahorais (MPM). 

Mais, rien ne laissait croire à l’avènement de cette dynamique historique appelée indépendance. Aucune initiative de mise en place des institutions républicaines, aucune démarche d’organisation constitutionnelle, aucun programme de mise en chantier du développement national, le pays était complètement mis en recréation prolongée et en asthénie politique.


C’est dans ces conditions que le coup d’État du 3 août a réveillé les esprits, un coup d’État sans effusion de sang « authentiquement comorien, dans sa conception comme dans ses moyens et dans sa réalisation » comme aimait le dire le président Ali Soilihi, leader du FNU à l’époque.


L’ombre de Bob Denard

Contrairement au mensonge délibéré qui s’est diffusé parmi les opposants à la révolution, ce n’est pas Bob Denard qui a fait ce coup d’État du 3 août 1975. Celui-ci n’est venu aux Comores qu’en septembre, un mois après, pour l’opération militaire menée à Anjouan pour empêcher le président déchu, Ahmed Abdallah de déclarer « l’État d’Anjouan ».


 Ali Soilihi avait fait confiance au président Bongo par l’intermédiaire de l’ambassadeur plénipotentiaire Yves Le Bret pour la libération de l’île d’Anjouan et c’était ainsi que le conseiller militaire du président gabonais, Bob Denard, était venu aux Comores. Quelques temps après l’opération, le mercenaire a été expulsé des Comores sans appel.


La mise en place d’un nouvel État

Le pays s’était engagé dans un processus de construction de l’État et de l’élaboration d’un projet de société pour le développement de la jeune république. Le Conseil Exécutif National qui dirigeait l’État était divisé en deux tendances dynamiques. 


Une tendance progressiste dirigée par le président Said Mohamed Djaffar, Chef du Conseil Exécutif National donc chef de l’État et une tendance révolutionnaire dirigée par Ali Soilihi, délégué à la Défense nationale. Après l’adhésion des Comores à l’ONU le 12 novembre 1975, la France a déclenché les hostilités contre le jeune État comorien en refusant de reconnaitre l’indépendance dans les limites territoriales reconnues par l’ONU.

 La détermination du gouvernement comorien et l’intransigeance du gouvernement français ont conduit à la rupture des relations avec l’ancienne puissance coloniale et à son retrait de toute l’assistance financière et technique qu’elle assumait entièrement.


En janvier 1976, des élections au sein du Conseil Exécutif National ont eu lieu et la tendance révolutionnaire a remporté la victoire avec Ali Soilihi et Mohamed Hassanali, respectivement président et vice- président de la jeune République.


La mise en place de la révolution

À partir de là, le projet politique du Conseil est orienté vers des réformes révolutionnaires destinées à un changement radical de la société et c’était le début de la révolution comportant trois phases essentielles :


1) la consolidation de l’État (ufwakuzi wahe madraka ya mkolo) par l’adoption d’une réforme constitutionnelle, la mise en place des institutions républicaines, la définition et la mise en œuvre d’une diplomatie agissante, la mise en place d’une force de défense nationale appropriée au développement, la refonte de la fonction publique et la mise en œuvre de la décentralisation.


2) La révolution démocratique (usawa wa siyasa) définie comme la libération des forces vives et leur implication dans la gestion
la nation. Il s’agit essentiellement de la jeunesse, des travailleurs manuels, des femmes et des cadres. Dans cette phase, il a été également question de la réforme du anda, de l’interdiction des dépenses ostentatoires liées aux funérailles, de la réforme de l’éducation et du partage des savoirs en commençant par l’alphabétisation tout à azimut et l’instauration d’un système de formation par filières professionnelles et techniques et par l’alternance, accessible par tous avec la mise en place des collèges ruraux d’enseignement secondaire et technique et des centres de formation professionnelle.
La démocratisation, c’était aussi l’accès à de meilleures conditions de vie pour toute la population et la réduction drastique des inégalités territoriales.


3) La révolution économique (usawa wa mayesha) était considérée comme la phase cruciale de la révolution. Les leviers de cette phase étaient les sociétés à économie mixte, la réforme agraire, l’organisation de tout l’appareil productif par système de filière et d’interconnexions, la décentralisation des structures de commercialisation, la généralisation d’un système de crédit à la production et à l’habitat décent, le développement des infrastructures de communication et de transport.
Cette phase bien consignée dans le premier plan quinquennal de développement économique et social du pays n’a pu être mise en œuvre. La révolution est stoppée le 13 mai 1978 par des mercenaires français au service des forces conservatrices , aussi bien politiquement revanchardes qu’économiquement exclusives.
Le président Ali Soilihi est assassiné le 29 mai 1978 et l’élan de développement et de justice sociale est brisé.


En dépit des graves erreurs commises par le régime révolutionnaire dont des événements tragiques dans quelques localités érigées en poches de résistance à la révolution, celle-ci a démontré, dans une portée historique, que le peuple comorien est capable de se prendre en charge, dès lors qu’un gouvernement ose des reformes et assure leur mise en œuvre. L’unité nationale, l’intégrité territoriale et la justice sociale constituaient le socle national et la fibre patriotique.
Le pays était devenu un véritable chantier de développement, un modèle de progrès et une référence de changement.


Les ennemis à abattre clairement désignés par la révolution s’appelaient pauvreté, maladies, ignorance et discriminations ( umasikini, uwade, udjinga, dharau na boneo).
Cette première République était laïque et sociale, consolidée par un État unitaire réellement décentralisé, qui a été remplacé par une République fédérale et islamique, après la révolution.


Par Dini Nassur.
Ingénieur en études de développement local
Écrivain
Ancien membre des jeunesses révolutionnaires.

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